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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 16:35

Le pays de Cocagne, cette plaine fertile située entre Toulouse, Albi et Carcassonne, doit son nom à la culture d'une plante tinctoriale qui fit sa fortune : le pastel, Isatis Tinctoria de son nom botanique. On l'appelle guède dans le nord de la France. Les gaulois s'en enduisaient le corps pour effrayer les Romains, on en connaissait les vertus curatives depuis la nuit des temps, mais c'est surtout pour le bleu sublime qui permettait de colorer les étoffes que la plante fut si prisée.

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Les feuilles récoltées, lavées, broyées, étaient façonnées en petites balles de la taille d'une clémentine - les fameuses cocagnes - et mises à sécher sur les séchoirs à pastel que l'on trouvait un peu partout dans la campagne lauragaise.

Ces cocagnes decendaient le Tarn, la Garonne sur des gabarres, ces embarcations à fond plat que l'on utilise plus guère que pour le transport des touristes entre Albi et Gaillac. A Bordeaux, elles étaient embarquées sur des navires de haute mer pour rejoindre les marchés de Londres et Anvers et innonder les cours Européennes. L'âge d'or du pastel en Languedoc a duré environ 100 ans, de mi XVe à mi XVIe siècle

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Au milieu du XVI notre beau et cher pastel a été concurrencé par l'ndigo (à gauche) cultivé par les esclaves et beaucoup moins couteux.

Il a fallu attendre les années 1990 pour qu'un couple décide de se relancer dans l'aventure, et relance (aujourd'hui en Ariège) la culture du pastel. A Lectoure dans le Gers où cette société est installée (le Bleu de Lectoure) on peut visiter l'atelier et achter des vêtements teints au pastel

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Plongée dans les cuves, l'étoffes en ressort jaune et bleuit au contact de l'oxygène de l'air

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vous pouvez découvrir ce procédé à Lectoure, au Bleu de lectoure: http://www.bleu-de-lectoure.com/

Lucie Héron

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 19:00

il y a des pans de murs un peu partout, le plus long est bien sur la "east side galery" le long de la Spree, mais le plus intéressant est dans la Bernauer Strasse. Une plateforme (avec une expo permanente très émouvante) permet de mesurer la balafre que ce fut dans la ville...

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séparation entre le secteur français et soviétique...

N'hésitez pas à louer un vélo, selon moi la meilleure façon de découvrir Berlin, immense, immense, et passionnante

Lucie Héron,

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 18:47

à faire absolument: la visite de la coupole du Reichstag de Berlin

réservation préalable obligatoire (et se présenter le jour J avec passeport et résa imprimée)

https://visite.bundestag.de/BAPWeb/pages/createBookingRequest.jsf?lang=fr

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c'est beau non?

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les audioguides sont très bien faits (capteur qui se déclenchent en fonction de votre position)

et pour continuer dans l'esprit Berlin, by night, il faut absolument prendre un verre au Sony Center sur la Potsdamer Platz (15 minutes à pied maxi du Reichstag)

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ça passe du bleu au rose, c'est superbe!

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bonne découverte!

Lucie Héron guidemidi

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 22:51

Des plages du débarquement aux plages de la Belle Epoque, un week end en Normandie sous le soleil d’hiver.

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Je ne vous raconterai pas le débarquement, ses luttes fratricides et corps à corps sanglants, ni ce vent de liberté qui souffla sur les plages du D-Day. Ces lieux chargés d’histoire savent aussi être romantiques : se promener à la Pointe du Hoc entre crevasses moussues et bunkers enlisés dans le verdure à quelque chose d’irréel. Un vent tonique souffle sur ce paysage accidenté mais ô combien esthétique et balaye tout épanchement mélancolique.

Quittons ces pâturages lunaires pour une longue promenade entre deux marées, entre deux ondées sur la plage d’Omaha beach. Un étrange monument commémoratif émerge du sable et dresse vers le ciel ses pointes d’acier. La mer aux reflets d’argent, un ciel d’ardoise comme sur les aquarelles de Jongkind, la pluie qui tombe et crève le ciel en grosse averse généreuse. On est dans un lavis de gris-bleu et on oublie l’acier des armes ici gravées dans les mémoires.

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Un refuge discret, niché dans la verdure, est Castel Provence. Un B&B à ver Sur Mer où Josette Bourry vous accueille avec l’attention d’une mère. La chambre sous les toits, rénovée avec goût, donne sur le jardin. C’est un confortable havre de paix où l’on peut se préparer une dernière tisane avant de sombrer dans les bras de Morphée. Le petit-déjeuner mérite à lui seul de jouer les prolongations à Castel Provence. Outre boissons, pain et viennoiseries, Josette Bourry propose un bel échantillon de ses confitures maison. Elle en confectionne pas moins d’une trentaine de sorte chaque année, du classique mélange de fruits rouges baptisé avec humour le Gros Fracas (Groseille, Framboise Cassis) aux plus audacieuses fleurs de pissenlits ou de lilas. Toutes sont délicieuses et redonnent au petit-déjeuner ses lettres de noblesse. On quitte Castel Provence en se promettant d’y revenir aux beaux jours pour profiter du jardin.

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Plus loin, Honfleur réserve d’autres bonnes surprises : Honfleur et ses ruelles pittoresques, ses luminosités d’estuaire aussi riche et changeante qu’une palette d’artiste inspira à Jongkind et tant d’autres quelques belles marines. Cette idée de palette-gustative cette fois- on la retrouve pour le bonheur de nos papilles au Bréard, à deux pas de l’Eglise Sainte Catherine. Au menu, les produits du terroir s’encanaillent de gingembre et l’on redécouvre avec bonheur le goût des produits simples, topinambour, pommes, lapereau, cabillaud, relevé avec créativité. Les desserts ont un parfum des îles- manière de rappeler qu’Honfleur avant d’être un repère d’artistes, fut aussi un port actif. Le service est charmant, le cadre tout autant et l’addition reste très digeste : menu à 26 euros et à 34 euros.

 

Avant de vous promener sur les planches de Trouville et Deauville, ou de retrouver Arsène Lupin à Etretat, faites un détour par le Musée Malraux au Havre. Entre Honfleur et le Havre, le pont de Normandie, posé comme un simple trait d’union entre les deux rives de la Seine. Au Musée Malraux, belle collection impressionniste avec vue sur la mer. Attardez vous sur les pochades d’Eugène Boudin : vaches normandes, femmes sur la plage, Port du Havre ou de Honfleur, saisis sur l’instant avec justesse et poésie, expriment la Normandie avec une grâce infinie. Si vous êtes au musée en fin d’après-midi vous verrez le soleil couchant d’hiver embraser la mer…tout près de l’endroit où Monet à peint Impression soleil levant.

 

Lucie Héron

http://www.guidemidi.fr


 

Infos pratiques :

B&B Castel Provence

7 rue de la libération

14114 Ver sur Mer

tel 02.31.22.22.19

06.81.19.87.63

http://www.castel-provence.fr

2 chambres

60 euros petit déjeuner compris

 

Le Bréard

 

Musée Malraux

2 bd Clemenceau

76600 Le Havre

tel : 02.35.19.62.62

du lundi au vendredi de 11h à 18h

le samedi et dimanche de 11h à 19h

fermé les mardi et 1er janvier, 1er mai, 14 juillet, 11 novembre, 25 décembre

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 13:10

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Sous terre, sur terre et au septième ciel : idées d’escapade à la découverte du Périgord noir et du Lot.

 

Crise oblige, nos budgets serrés nous invitent à (re)découvrir un patrimoine plus immédiat et facilement accessible, mais ô combien dépaysant pour qui sait renouer avec l’émerveillement d’une âme d’enfant.

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Elles sont nombreuses, en Midi Pyrénées, ces grottes ornées qui témoignent de la dextérité de notre ancêtre Cro Magnon : si tout le monde connaît Lascaux, la « sixtine » de la Préhistoire, qui connaît les trésors d’art pariétal que recèle l’Ariège ou encore les grottes de Gargas, Cougnac, Foissac, ou encore Pech Merle, faciles d’accès de Toulouse en remontant vers le Périgor ? Dès la première salle, nous voici plongés il  a plus de 25 000 ans, mais une visite à Pech Merle c’est bien plus que la découverte fascinante de bisons, mammouths, chevaux et figures abstraites énigmatiques qui animent des parois rocheuses façonnées par le travail conjugué de l’eau et du temps. C’est la découverte d’un monde souterrain étonnant où stalactites et stalagmites, ondulations rocheuses et phénomènes géologiques forment un paysage à part, beau comme une cathédrale gothique, ou étrange comme cette immense racine d’un chêne toujours vivant qui vint transpercer verticalement l’une des galeries. De retour à la lumière, l’envie nous vient de voir Cabrerets, le village des adolescents qui découvrirent la grotte au siècle dernier. Au confluent de la Sagne et du Célé, c’est l’endroit idéal pour un déjeuner sur l’herbe improvisé : passé le pont, on emprunte un joli chemin fleuri de jacinthes sauvages et frétilaires avec une vue imprenable sur le château et le moulin.

Ces paysages édéniques nous accompagneront jusqu’à Sarlat et sans doute bien au-delà.

Dans le soleil déclinant de cette chaude après midi de mai, Sarlat s’offre à nous dans la blondeur de ses façades et la perfection de ses hôtels particuliers qui laissent deviner les fastes de la Renaissance. Comme dans toute cité historique, les restaurants à touristes sont légions : privilégiez les adresses fiables comme le Bistrot, le Jardin Harmonie ou encore le Petit Manoir, mariage réussi de boiseries et mobilier classique réchauffés de teintes grèges et velours noirs so chic ! Quant à la cuisine, les spécialités du terroir s’encanaillent de saveurs asiatiques.

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Chambre d’hôtes ou hôtel de charme ? ce soir nous optons pour la deuxième solution : la Maison des Peyrat **, combine les avantages de la ville (15 minutes à pied du centre) et de la campagne : on petit déjeune dans le jardin, à l’ombre des noyers, on se délasse dans la piscine d’eau salée et l’on s’endort dans une chambre lumineuse habillée de teintes claires.

C’est dans le soleil du matin que les jardins suspendus de Marqueyssac (9km de Sarlat) offrent de photogéniques contrastes d’ombres et de lumière. Près de 150 000 buis composent, avec les rocailles, belvédères, et cascades, un jardin idéal. A 130 mètres au-dessus de la Dordogne, c’est un des plus beaux panoramas du Périgord, paysagé, à la fin du XIX siècle, par Julien de Cerval, de retour d’Italie. Là, comme dans l’invitation au voyage de Baudelaire, « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».

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Pratique :

Grotte de Pech Merle, tous les jours d’avril à octobre h30-12h/13h30-17h

Réservation conseillée en juillet et août

www.pechmerle.com

Les jardins suspendus de Marqueyssac, ouvert tous les jours, toute l’année

www.maqueyssac.com

Hôtel de charme la maison des Peyrac**, le Lac de la Plane, 24200 Sarlat

www.maisondespeyrat.com

 

Lucie Héron

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 20:52

Trois semaine d’autotour à la découverte des plus beaux parcs de l’Ouest américain

Les jours rallongent, les oiseaux chantent et le printemps pointe bientôt le bout de son nez, il est temps de songer à programmer vos vacances de printemps. Pourquoi de ne pas profiter du renouveau de la nature pour découvrir la Californie?

La saison est idéale à tout point de vue : températures clémentes, désert couvert de fleurs, ciel dégagé à San Fransisco, idéal pour les prises de vues du célèbre Golden Gate Bridge et un survol de la baie en hydravion.

Trois semaines en autotour sont indiquées pour partir à la découverte de ces vastes horizons. Camping, pic niques et Motels feront l’affaire pour limiter les dépenses. Sur place, une voiture louée depuis la France via les services d’autoescape, et le rêve américain est à vous !

Des petits détours par les états voisins de la Californie permettent de découvrir beaucoup sans (trop) faire de kilomètre : arrivés à Los Angeles, nous mettons le cap sur Las Vegas, Nevada, la ville-parc d’attraction, où tout n’est qu’amusement, démesure et délire kitch. Régression garantie pour qui sait réveiller son âme d’enfant. Dormir au Luxor permet de profiter à tout heure de l’animation du célèbre strip. Certes, l’hôtel n’est pas du dernier cri, mais prendre l’ascenseur dans la pyramide pour rejoindre sa chambre au 27e étage est une introduction au voyage des plus amusantes.

Si les promesses de bonheur factices de Las Vegas vous laissent de marbre, nous vous conseillons de découvrir le Grand Canyon. Décalage horaire oblige, vous serez heureux, à peine arrivés, de vous laisser guider : Grand Adventures propose des journées d’excursion en mini van au Grand Canyon avec chauffeur-guide francophone. 

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Nous quittons Las Vegas pour profiter de la Death Valley. La vallée de la mort nous semble presque bucolique, couverte de fleurs jaunes, avec, à défaut de neige, ses nappes de sel. Une journée de route suffit pour rallier Las Vegas à Ridgecrest où nous passons la nuit. De Ridgecrest, nous faisons route vers Three Rivers à l’entrée du Sequoia Park. La Sierra Nevada nous offres généreusement ses paysages variés, du versant aride au versant boisé, aux champs couverts de lupins. Nos randonnées nous mènent au piémont du parc, car la neige, fréquente jusqu’en mai à cette altitude, nous permet juste d’approcher le vénérable General Shermann Tree, plus grand arbre du monde avec ses 84 mètres de hauteur. La neige au parc de Yosemite nous contrains de modifier nos plans : après Sequia Park, cap sur la côte pacifique. La petite station familiale de Pismo Beach, véritable havre de paix en cette saison, nous offre de belles balades sur la plage et des Motels avec vue sur l’Ocean au tarif très abordable. Après cette pause iodée, nous faisons route vers San Fransisco en empruntant la célèbre autoroute Highway 1, qui longe l’Océan Pacifique et nous plonge dans des paysages grandioses. A Piedras Blanca, nous pouvons admirer une colonie d’éléphant de mer avant de découvrir un petit coin de paradis : les chutes Mac Way au cœur du Julia Pfeiffer Burns State Park, où les geais buissonniers bleus nous accompagnent tout au long d’un sentier planté d’eucalyptus.

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Avant de rejoindre Monterey pour la nuit, une balade au coucher du soleil dans le parc national de Point Lobos s’impose: une nature composée comme dans un tableau, des collines couvertes de « poppies », sorte de coquelicots orangés, et des familles d’otarie qui se baignent en toute quiétude.

A San Francisco, franchissez le Golden Gate Bridge pour une promenade dans le John Muir Woords National Park. Il rassemble d’étonnants sequoia à l’ombre desquels il fait bon se reposer. Chaque jour à San Francisco offre de nouvelles perspectives de découverte : que vous embarquiez à bord d’un cable car, d’un catamaran pour une croisière dans la baie ou à bord d’un hydravion, c’est une ville plurielle qui s’offre à vous.

 

Il faudrait évoquer Yosemite et ses montagnes parfaites, l’incroyable musée Getty à Los Angeles et la villa Getty, version hollywoodienne d’une villa pompéienne, il faudrait décrire le grand aquarium de Monterey, les sensations offertes par le plus ancien parc d’attraction de Californie et ses montagnes russes  en bois qui donnent sur la plage, il faudrait un livre et bien plus pour résumer ce périple de trois semaines qui à lui seul contient mille voyages…mais nous vous laissons rêver aux pages de votre propre voyage en Californie !

Informations pratiques :

location de voiture : http://www.autoescape.com/

hôtel Luxor Las Vegas : http://www.luxor.com/

Excursion Grand Canyon : http://www.grand-adventures.com/

Hébergement : Americas Best Value Inn, Motel 8, Econo Lodge sont des chaînes de Motels tout à fait correctes et peu onéreux

A lire : pour les anglophones, les guides du Lonely Planet, sinon le guide Voyager Pratique « sud ouest américain » Michelin, nous a été fort utile

Texte et photos : Lucie Héron, guide-conférencière et consultante voyages culturels

http://www.guidemidi.fr

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 21:35

 

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Vienne est un bonbon acidulé. La rondeur évidemment, celle des « bubons baroques» de la colonne de la peste érigée en 1698 sur le Graben par Johann Fischer von Erlach, rondeur de la coupole finement ciselée du pavillon Secession, œuvre maîtresse du Jugendstil. Rondeur du Ring dont on fait le tour avec la même ivresse qu’un tour de manège, rondeur de la grande roue du Prater. Une bonbon tout rond, donc, mais aussi un peu kitsch, comme les robes de Sissi. Impératrice certes belle, mais aussi mauvaise mère, très égoïste et finalement pas si sympathique, c’est du moins ce qu’on retiendra du musée qui lui est dédié dans la Hofburg et où quelques–uns des objets ayant appartenu à l’illustre épouse de François-Joseph sont exposés. Parmi eux, une curieuse presse à canard. Sissi, « people » avant l’heure, pour qui l’entretien du corps passait par quelques heures de gymnastique et l’absorption de ce curieux breuvage, du sang de canard frais. Mens sana in corpore sano ? La belle refusait qu’on diffuse des portraits d’elle passé un âge où elle ne se jugeait plus à son avantage et se complaisait dans une mélancolie qui lui fit s’épancher sur son triste sort de pauvre petite fille riche en des sonnets « romantiques » - en vérité  de pâles pastiches de Heinrich Heine. Une Sissi qui n’aura de cesse de se mettre en scène, elle qui pourtant semblait détester les mondanités, mais la ville s’y prête, regardez comme elle est théâtrale, regardez les imposantes façades du Ring, regardez l’église Saint Charles de Borromée, œuvre de Fischer von Erlach, baroque et grandiose mise en scène du pouvoir divin et temporel.

Variante du bonbon : la Mozartkugel, petite gâterie toute ronde au chocolat et massepain, un peu écœurante, que l’on retrouve dans toutes les vitrines de la ville et plus particulièrement dans celles de la Kärtnerstrasse. Ce Mozart mangé à toutes les sauces au grand plaisir de touristes japonais, on le retrouvera pour plus d’intimité au 20 de la Domgasse, derrière la cathédrale où fut célébré son mariage avec Constanze Weber.

 

Mais Vienne a aussi un goût marqué de paprika qu’on retrouve dans les Gulasch hongrois proposés sur les cartes des restaurants, à côté de l’oie rôtie aux choux rouges empruntée aux voisins polonais et des boulettes de viandes piquantes slovènes. Allez donc dîner chez Plachutta (Wollzeile 38), on y sert le plat favori de François Joseph : le Tafelspitz, bœuf bouilli proche du pot au feu servi avec une sauce au raifort. Délicieux. Fondant. Un bonbon en somme !

 

HPIM1771.JPGMais quel est le vrai goût de Vienne ? C’est incontestablement dans un café qu’il faut le chercher. On raconte qu’après le deuxième siège de Vienne en 1683, les Turcs vaincus auraient abandonné des sacs de grains de café qui devint vite le breuvage à la mode, accompagné d’une petite « viennoiserie », en forme de croissant, petit pied de nez à l’occupant musulman. Si j’aime le café Central, archi-connu et couru c’est vrai, mais ses ogives néogothiques ne pourront vous laisser de marbre, ma préférence va au café Bräunerhof, Stallburggasse 2. Un charme suranné, en sourdine quelques notes de piano que ne laisse pas deviner une devanture très quelconque. A l’intérieur, un bel espace, une lumière chaleureuse dispensée par des lampadaires en forme de boule. Les banquettes recouvertes d’une tapisserie vieillotte sont confortables, on lit son journal avec plaisir, dans le calme car les touristes vont ailleurs.  Le serveur est un grand échalas dégingandé sorti tout droit d’une nouvelle de Hoffmannstahl qui fut d’ailleurs un habitué des lieux. Il s’excuse presque d’interrompre votre lecture pour vous apporter votre café. C’est Vienne, c’est cela le goût de Vienne.

 

Lucie Héron

http://www.guidemidi.fr

 

 

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 14:53

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Je suis assise dans le jardin de Claude Monet à Giverny. Les capucines envahissent les allées. On imagine le père de l’impressionnisme, longue barbe grisonnante, comme sur les photographies de Nadar, donnant d’une voix assurée des ordres aux jardiniers. Giverny, rêve d’artiste, utopie réalisée, interprétation impressionniste d’une estampe japonaise, ces ukiyo-e, images du monde flottant. Ici la végétation est si luxuriante qu’on voudrait parler de bosquet de géranium et la notion de massif de fleurs prend tout son sens. Jardin des paroxysmes où les nymphéas semblent plus épanouis que partout ailleurs et où les fleurs ne semblent jamais s’éteindre…Spectacle étonnant d’une nature perpétuellement renouvelée. C’est le pinceau qui a composé ce jardin-atelier où les essences s’harmonisent en fonction des couleurs complémentaires. Vert des feuillages. Tache rouge des pétales. Palette botanique. Monet lui-même ne vivait- il pas comme une fleur dans son jardin ? Matinal, sensible aux premières rosées et effets de brumes, vivant au rythme du soleil, contemplatif, je dirai même bouddhiste dans sa manière d’appréhender l’instant, cet instant qui jamais ne se reproduira et qu’il convient de saisir, vite, sur la toile car « anicha », tout passe.

On aurait tort de résumer l’impressionnisme à un art de surface, s’arrêtant aux ondes, aux ombres, aux raies de lumières. Monet connaît les travaux d’optique d’Eugène Chevreul, il les a parfaitement assimilés, au point de contempler semble t-il les choses de l’intérieur – vision intrinsèque qui rend son ami Georges Clemenceau admiratif : « l’acier de votre rayon visuel brise l’écorce des apparences et vous pénétrez la substance profonde pour la décomposer en des véhicules de lumière que vous recomposez au pinceau, afin de rétablir subtilement, au plus près de sa vigueur, sur nos surfaces rétiniennes, l’effet des sensations. »

On ne peut s’empêcher d’imaginer Monet dans son jardin, au bord du bassin, dressant le bilan de ces années consacrées à la peinture, son sacerdoce. Qu’est ce qui est important ? qu’est ce qui ne l’est pas ?  A cette question que tout un chacun se pose au soir de la vie, Monet nous a donné sa réponse-testament : les nymphéas, rêverie picturale et poétique d’une ondine fin de siècle. C’est rien. L’eau, le vide, le flottement, le silence, la simplicité délicate de ces fleurs d’eau. Mais ce rien est tout, il est immense, il déborde du cadre qui nous remplit. Tout est important : les pétales, les ombres, l’eau bleutée ou franchement verte en fonction des lumières. Monet, esprit équanime contemple chaque chose dans sa beauté propre.

 

 

 

Quand je pense à Monet je pense à Van Gogh. Un autre esprit libre, indifférent à la critique. Deux hommes, deux styles, deux destinées. Mais deux amoureux du paysage, c’est certain. Éperdument épris de couleur.

Je suis debout dans la chambre de Van Gogh, celle qu’il louait à Auvers –sur –Oise, à l’auberge Ravoux. La seule lucarne de cette chambre exiguë donne sur un mur aveugle. Fenêtre ouverte sur un jardin intérieur ? cellule monacale s’il en est, mais Van Gogh ne s’était-il pas représenté le crâne rasé, comme un moine ? Du silence, du vide. Du gris. L’espace semble monochrome, atone, aphone. Mais c’est une surface qui ouvre la brèche à tous les possibles. Une chambre comme un tableau d’ardoise. Reste le morceau de craie.

Chez Van Gogh c’est le paysage tout entier qui est un jardin. Les couleurs sont plus acides, comme chez tous les esprits tourmentés. Les ciels violets. Les champs jaune vif. Scène avant l’orage, avant la tempête. Monet peint l’instant, Van Gogh le prévoit. Il peint l’avant. Avant le coup de vent. Avant le coup de sang. Avant qu’il ne soit trop tard.

Les toiles sèchent dans la petite chambre. Juste avant, Vincent a planté son chevalet au milieu de son jardin : champs de blé. Champs labourés. Toujours des champs dans son champ visuel. Van Gogh est un laboureur, les pieds sur la terre mais la tête dans les nuages. Ou plutôt vers les nuages : des ciels immenses comme chez les maîtres hollandais du XVIIIe siècle, de japonisants amandiers en fleurs, vus d’en bas, en contre-plongée, comme lorsque nouveau-nés nous contemplions le monde à l’envers, du fond de notre berceau.

Les nymphéas de Monet, vision d’une petite cantharide au-dessus de l’eau.

Les amandiers en fleur de Van Gogh, un regard d’enfant, émerveillé de la beauté du monde.

 

Lucie Héron http://www.guidemidi.fr link

Georges Clemenceau in Claude Monet, les Nymphéas

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 10:05

Venise et ses églises

 

 

Veni Etiam - Reviens encore

A Venise tout commence et tout finit dans les églises. On raconte que la ville fut fondée en 421, un 25 mars, jour de l’Annonciation de la naissance du Christ.

Venise, ville flottante, ville horizontale, aspire à l’élévation ? Ses campaniles et milles clochers sont comme des phares qui prennent parfois la silhouette de minarets, manière de rappeler que l’Orient est toujours bien présent.

 

En matière de religion, Venise, s’arrange, Venise bricole. Dans les églises, les vierges ont des sensualités de Vénus, des regards de courtisanes, des rougeurs de jeunes filles, des blondeurs de vénitienne… mais oui, levez les yeux, et vous les verrez peut-être, les cheveux épars, en corolle autour du crâne, ces vénitiennes qui, juchées sur quelqu’Altana, s’efforcent de blondir leur chevelure au soleil.

Mais silence. Une vieille dame entre à San Trovaso. Quelques raies de lumière se glissent dans son sillage. Elle écarte l’épais velours cramoisi, théâtral, qui sert de porte en cette chaude après-midi de juillet. Ses bras sont chargés de glaïeuls roses, d’un rose qui semble fait pour les confiseries en pâte d’amande, des glaïeuls un peu raides qu’elle arrange amoureusement avec l’ancien bouquet – glaïeuls blancs – déjà là. Odeur de fleurs fraîches. Du vent. Du vent qui soulève le rideau. Le soleil sur les dalles. Le rideau rouge. Titien n’est pas très loin.

A Venise, d’autres églises sont comme des courtisanes trop maquillées, mais on leur pardonne. Ici, tout est théâtre.

Je cherche… je cherche l’église Saint Pantalon, vous connaissez ? des touristes incrédules me dévisagent. Blasphème ?  Je pointe l’index dans mon guide. Elle s’appelle vraiment Saint Pantalon. Nous sommes à deux pas de Dorsoduro, littéralement, le « dos dur », il faut certainement avoir bon dos pour supporter ces petits arrangements avec l’hagiographie. Dans mon guide je lis : « par un miracle de trompe l’œil, le plafond semble s’enfoncer dans le ciel, c’est une illusion d’optique due à Giovanni Antonio Fumiani, qui a présenté ici le martyr et l’apothéose de Saint Pantalon » (Pantaléon en italien). Vertige et verticalité.

 

Autre sestieri, autre ambiance, nous sommes maintenant à Cannaregio, l’un des plus vastes des six quartiers vénitiens. L’église Santa Lucia n’est plus, elle a été démolie pour construire la gare qui porte son nom, mais ses reliques sont à San Geremia e Lucia. Sainte Lucie, martyr de Syracuse, sainte patronne des mal voyants. Dans un sarcophage de verre, son petit corps vêtu d’une robe rouge, comme les princesses des contes de fées. Un masque sur le visage. Les pieds fins, presque des pieds d’enfant, dépassent de la robe, et c’est comme une fine craquelure de peau sur un soupçon de corps. Processions, génuflexions, signes de croix devant cette esquisse.

C’est samedi. Pour me rendre à l’église des Jésuites à l’autre bout de Cannaregio je traverse le ghetto, jadis séparé du reste de la ville par des grilles qu’on fermait la nuit. Les maisons y sont plus hautes qu’ailleurs, le linge qui sèche claque au vent. Odeur de gâteau devant la pâtisserie Kascher. Élégance des passants. Aux Gesuati, baroque triomphant, incrustation de marbre, drapés de stucs… Bonbonnière.

J’attrape un vaporetto au Fondamenta Nuove, on aperçoit les mystérieuses portes d’Hadès du cimetière San Michele, qui inspirèrent dit-on le peintre Arnold Böcklin. Pas de mélancolie pourtant, le vaporettiste annonce bruyamment les stations, on est loin, très loin de la Venise déliquescente et valétudinaire de Thomas Mann. Flottement. Une ville sur l’eau. Veni etiam. Venise.

 

 

 Lucie Héron, guide-conférencière

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